
les alchimistes du vernaculaire
les algues du finistère : du patrimoine naturel au patrimoine culturel
Projet de diplôme
sous la direction de Ionna Vautrin
Octobre 2021 – Avril 2022
ENSCI – Les Ateliers
Bercés par le balancement des marées, rythmés par les cycles lunaires, les estrans, entre terre et mer, nous plongent dans une autre temporalité. S’ils sont un portail entre la vie terrestre et le monde sous-marin, les algues en sont les gardiennes. La mer d’Iroise, à la pointe du Finistère, est le plus grand champ d’algues sauvages d’Europe et constitue un écosystème fragile hébergeant de nombreuses espèces endémiques.
À chaque nouvelle lune, je profite des grandes marées pour identifier les habitantes de ces lieux que je répertorie dans mon Algothèque. Cette plateforme numérique, conçue dans le cadre de mes recherches, permet également aux visiteurs de classer les différentes espèces selon leur position sur l’estran, leurs caractéristiques biologiques ou encore leurs utilisations humaines.
Ces classifications croisées mettent en lumière l’importance de l’algue aussi bien pour le patrimoine naturel que pour le patrimoine culturel local. On l’appelle alors goémon et sa récolte figure dans l’inventaire du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.
Je me lance alors sur la route des goémoniers d’antan, pour comprendre leur métier, à la fois marin et paysan, ses outils et ses gestuelles. Les algues, coupées à la faucille, sont chargée dans la charrette tractée par un cheval de trait jusqu’à la grève. Le goémon y est alors séché puis transporté sur des civières jusqu’au four creusé à même le sol pour être brûlé et produire de la soude.
Pour célébrer ce patrimoine, je choisis de réemployer ces procédés traditionnels pour produire des émaux pour céramique à base de cendres d’algues. Je développe, en collaboration avec Clémence Desbois (artiste céramiste), une collection de glaçures que nous destinons aux artisans de la région avec qui nous partageons les recettes.
Arrachées à la mer, les algues devenues cendres, viennent habiller un paysage recomposé. J’immortalise dans le plâtre les motifs éphémères des vagues dans le sable, les ondulations des dunes battues par les embruns et les textures du granite bordant les fours que j’estampe dans le grès. Des gammes de reliefs et de couleurs émergent de la juxtaposition de ces volumes qui deviennent les vestiges matériels d’un rituel immatériel.











